Les contes : un patrimoine riche issu d’une mémoire collective, une place à part dans la littérature de jeunesse… Comment puise-t-on dans cet existant pour proposer une nouvelle offre éditoriale ? Comment une même histoire existe-t-elle et prend-elle vie si différemment selon les choix éditoriaux ? Avec quelques repères historiques et une riche expérience éditoriale, Bénédicte Roux (Flammarion Jeunesse) et Sandrine Mini (Syros) nous aident à mieux comprendre cette production éditoriale.
Sandrine Mini
La catégorie des livres de contes est une catégorie extrêmement importante dans le paysage de la littérature de jeunesse. Dès que la littérature de jeunesse a vu le jour, avec les premiers livres pour enfants, il y a eu des contes publiés. Les contes sont des histoires qui viennent de la mémoire des hommes, du fond de leur mémoire.
Bénédicte Roux
On puise régulièrement dans tout ce patrimoine qui a été souvent et originellement écrit pour les adultes. Et c’est là où le travail se fait autour de l’accessibilité par rapport aux âges. Un texte qui a été écrit pour des plus grands sera publié aujourd’hui pour un lectorat de jeunes enfants, en tenant compte de l’évolution de la société. Tout l’intérêt et la difficulté de notre travail va être de ne pas édulcorer le texte originel et principal.
S.M.
Aujourd’hui, il y a une production qui est énorme sur le conte. Beaucoup de maisons d’édition jeunesse publient des contes. Beaucoup d’auteurs s’emparent de ce patrimoine. On trouve des publications extrêmement différentes.
B.R.
Sur une histoire qu’on a l’impression de connaître par cœur, on creuse un tout petit peu pour se rendre compte qu’il y a une multiplicité de versions et d’approches.
S.M.
On peut distinguer, en édition jeunesse, les contes de tradition orale racontés par les conteurs d’aujourd’hui et les publications de nombreuses maisons d’édition, avec un travail très variable selon les auteurs, avec la conscience de la matière extrêmement précieuse qu’ils ont entre les mains, et les éditeurs qui vont faire cette recherche de source (dans quel contexte l’auteur a-t-il entendu ou lu ce conte ? Quelle est sa source ?).
B.R.
Notre travail va être de choisir le conteur qui va retranscrire le conte, si l’on estime que l’édition originale pour des raisons de longueur, d’accessibilité, de format d’ouvrage, peut-être trop compliquée, trop longue, trop difficile pour un certain public, et nécessite donc un travail de réécriture, de réadaptation. C’est une grosse partie du travail de l’éditeur de choisir cette personne. Doit-on rester totalement en adéquation avec la ligne, avec la construction qui a été originellement écrite ?
S.M.
C’est intéressant d’aller voir un petit peu derrière ces histoires, d’où elles viennent, s’il y en a eu d’autres, s’il y a des histoires qui se ressemblent. S’il y a écrit « Perrault » ou « Grimm », est-ce ou non l’édition originale ? Dans ce cas-là, quels sont les changements ? Il faut retourner à la source. Il y a des collections qui existent et qui permettent aujourd’hui de découvrir tout cela.
B.R.
Aujourd’hui, le marché est assez bouleversé et compliqué, comme on le sait tous. Le conte un peu la valeur refuge de tous les éditeurs qui se disent qu’il est connu de tous. Donc, l’acte d’achat pourra être, peut-être, un petit peu plus facile. Chaque éditeur doit avoir sa spécificité. Mais, ce qui est très important, c’est ce que disait Sandrine Mini en introduction, c’est que les contes s’adaptent à tous les âges. Ils sont proposés à la fois en albums très illustrés, très découpés avec un travail énorme pour que texte et illustrations puissent se répondre, et en ouvrages cartonnés, très peu chers. Donc, pour une même histoire, des contes vont être vendus à deux euros et d’autres à quinze euros. Tout va être aussi dans le talent de l’illustrateur. Et puis on va retrouver des versions qui vont être dans des recueils, des versions en noir et blanc, des versions avec du texte en majorité, donc une production pléthorique, pour tous les âges, tous les formats, toutes les versions.
S.M.
Après, commercialement, en librairie et ailleurs, c’est plus difficile. Il faut aussi valoriser ces beaux ouvrages (la forme va beaucoup compter). Il y a tout un travail de catalogue, de préfaces, postfaces, prises de parole des conteurs, de mise en valeur des sources. Il y a un travail d’accompagnement important.
B.R.
Il y a beaucoup, beaucoup d’éditeurs qui sont sur le marché. Néanmoins, il y a des éditeurs que l’on reconnaît facilement parce qu’ils font un travail de qualité sur une ou plusieurs collections. Il s’agit d’un vrai travail historique pour certains (Nathan, Syros, Flammarion avec « Les Albums du Père Castor », etc.). Ce sont des éditeurs historiquement installés et pour lesquels les bibliothécaires, les enseignants, les libraires savent qu’il y a une vraie démarche de leur part. On aura peut-être l’édition la plus proche de l’originale chez tel éditeur. Dans cette production énorme, le jeu de la collection, le catalogue, la marque de la maison sont assez primordiaux.
Le Petit Poucet
Auteur :
Illustrateur :
Editeur : MAGNARD
ISBN : 9782210989795
Les mille et unes nuits
Auteur : Gudule
Illustrateur : François Roca
Editeur : NATHAN
ISBN : 978-2-09-254007-7
La princesse au petit pois
Auteur :
Illustrateur : Miss Clara
Editeur : GAUTIER-LANGUEREAU
ISBN : 9782013939331
Contes d’un autre genre
Auteur : Gaël Aymon
Illustrateur : François Bourgeon , Peggy Nille , Sylvie Serprix
Editeur : TALENTS HAUTS
ISBN : 978-2-36266-035-1
Une amitié monstre
Auteur : Véronique Massenot
Illustrateur : Pascal Vilcollet
Editeur : LES EDITIONS DU RICOCHET
ISBN : 97823526300661
Ivan et le Loup gris
Auteur :
Illustrateur :
Editeur : MAGNARD
ISBN : 9782210989801
Petits contes pour rire
Auteur : Albena Ivanovitch-Lair , Mario Urbanet
Illustrateur :
Editeur : GLENAT
ISBN : 978-2-7234-5842-9
Petits contes pour grandir
Auteur : Albena Ivanovitch-Lair , Mario Urbanet
Illustrateur :
Editeur : GLENAT
ISBN : 978-2-7234-5781-1
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